Jamais je n’aurais osé’ ni pensé acheter ces trois tissus dans le but de les mélanger sur un vêtement. Tant pour moi, à mes yeux, ils ne vont pas du tout ensemble.
Et tant ils font grand-mère, voire grand-mère de grand-mère.
Les tailleurs et autres jupes droites que j’associe à ce type de lainage, ce n’est pas du tout mon style.
Pourtant, régulièrement ces tweed attirent mon attention. A cause du tissage. C’est l’aspect « motifs dus aux tissage ou tissages visibles » qui me plait. A moins que ce ne soit le souvenir de vacances en Angleterre et en Irlande.
Ce qui explique que j’en avais des morceaux dans ma caisse à coupons/restes (celle qui ne se vide jamais mais que je n’arrive pas à jeter).
Qu’est-ce qu’ils m’agacent ces petits et moyens restes ! 
En tentant des associations pour les utiliser, j’ai rapproché accidentellement ces trois là. C’est comme ça, en les repoussant d’abord que l’idée m’est venue, qu’il y avait quelque chose d’intéressant dans le mélange. Un truc qui se fout des codes. Un truc qui fait grincer les yeux.
Et l’espoir de diminuer ma caisse aux restes.
Et en plus l’espoir d’un sweat (comment appeler cette forme là ? Sweat ? Marinière ? Top à manches ?) de plus, ce dont j’ai bien besoin. Quand à la forme, j’ai tant porté son petit frère cet hiver, et son autre frère plus récent, que je savais que je referai ce patron encore une troisième fois. Pas moyen par contre de trouver la taille du col dans les restes. J’ai donc cherché à faire une forme un peu plus légère (un col-de-printemps si l’on peut dire…). J’ai refermé l’encolure du patron de 4 cm sur tout le pourtour. Ajouté un petit col droit de la taille d’un de mes morceaux. 
Et pour pouvoir l’enfiler, j’ai ouvert une épaule type pull marin. Ce qui m’a imposé de poser aussi un empiècement ici en tissus jaune sur l'envers du sweat) sur l’envers du col et de la rangée de boutonnières.
Je n’ai eu que des soucis, machine qui déraille, aiguilles qui cassent, fil qui saute….. Et les boutonnières GRRRRRRRRRRRRRRRRRRR. C’est pour cacher qu'elles ne sont pas toutes de la même taille, que j’ai introduit des boutons « erreur ».
Mais mon obstination a été récompensée.
Je suis contente de son aspect étrange, bizarre, décalé.
Les boutons proviennent du marché local. 6 boutons bleus, 4 boutons noeuds. En tout 3 euros d'investissement! Vive le marché! (J'ai du mal avec ma photo. En fait le bouton central est remplacé par un noeud qui est venu accompagner de ses copains à la manière d'une compagnie de papillons)
Les trois tissus proviennent de chez les soldeurs du quartier du marché St Pierre à Paris. Dans le tissu jaune j’avais taillé une veste que je n’aime pas (je recommençais la couture après des années d’interruption et j’étais plus concentrée sur la technique que sur les détails, la personnalisation etc…)
Le tissu à pied de poule me servait de doublure sur ce manteau hyper vintage conçu à partir du même patron que ma veste bleue. 
Ce manteau, que j’ai porté plusieurs années, je trouve qu’il fait aussi grincer les dents et les yeux. On le déteste et on l’aime (pour son aspect retro accentué par la fausse fourrure du col) à la fois.
Je portais ce manteau (alors un peu plus neuf) dans Paris et je louchais sur une femme que je trouvais bien habillée. Jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’elle louchait sur moi ou plutôt sur mon manteau et quand nos regards se sont croisés, elle m’a demandé où je l’avais acheté. Voila, ces petites choses ce sont les Grammy Awards, que dis-je ce sont les Césars ou les Oscars des couturières amateures !
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