Voici comment je m’y prends pour faire des appliqués de plusieurs tissus, avec des formes composées et un peu complexes.
Bien sûr, ce n’est pas très recommandé de débuter par ce type de motif. Il est beaucoup plus sage de commencer avec des formes simples, en un seul tissu (atelier 1).
Voici quelques photos de ce que j’appelle des « appliqués composés de plusieurs pièces de tissu ». C’est de cela qu’il s’agit ici :
Comment s’y prendre ?
TRACER SUR LE PAPIER.
Pour commencer bien tracer sur papier son motif. Il doit être composé de plusieurs formes fermées. Par exemple un toit, une voiture, des roues, des vitres, etc…
Les formes sont voisines les unes des autres mais elles ne communiquent pas.
Maintenant il faut décider dans quel tissu on fera chacune des formes qui composent le dessin.
TRACER SUR LE TISSU
Tracer la totalité du motif sur l’endroit du tissu qui servira de fond. Il peut aussi servir pour certaines pièces (par exemple ici, mon tissu blanc sert de fond et sert pour les parties qui restent blanches. Ce n’est pas obligatoire, le tissu du fond peut ne pas apparaitre du tout).
Tracer ensuite chaque forme sur son tissu correspondant, sur l’endroit au crayon noir ou de couleur, pas trop fort (faire le test et prendre plutôt des crayons dont les traits partent au lavage, même si les traits vont être couverts par le bourdon).
Attention au droit fil : il doit être placé dans le sens le plus grand de chaque pièce. Il ne correspond pas nécessairement au droit fil du fond, ni à celui de la pièce voisine.
DECOUPER LES FORMES
Découper autour de chaque forme en laissant environ 1 cm autour du tracé. NE PAS COUPER SUR LE TRACE DE CHAQUE FORME. Les pièces doivent être plus grandes que le dessin. Il y a donc un débord sur chaque pièce. Sur ce débord, tracer des repères et/ou continuer le motif afin de caler/placer les pièces les unes par rapport aux autres.
En découpant, ne pas oublier que les pièces ne vont en effet pas être placées bord à bord, mais par tuilage, par chevauchement.
PLACER LES PIECES
Il faut décider par quelle pièce commencer, c’est celle qui se retrouvera dessous lors du tuilage des éléments du dessin.
Donc, un peu de logique : ne pas placer en premier (donc partiellement en dessous) des pièces sombres si les autres vont être claires ou blanches. Le risque est grand qu’elles se voient par transparence.
A part, cette précaution, il n’y a pas de règle. Imaginez dans quel ordre vous allez placer chaque pièce et c’est le dessin qui va déterminer l’ordre.
Pour être sûre de bien placer, ne pas hésiter à soulever la pièce pour voir le dessin sur le fond, se servir aussi des repères sur les débords que l’on vient de tracer.
Investir du soin lors du placement de chaque pièce. Les placer une à une. On en place une, on la fixe, on place l’autre, on la fixe etc…
Les pièces placées sont tenues par des épingles perpendiculaires aux tracés des traits de la pièce (en étoile autour du motif). Si possible, les tenir assez loin des traits pour qu’elles ne fassent pas dévier le pied de la machine lors de la fixation.
TENIR LES PIECES
Chaque pièce va être fixée par un zig zag en premier lieu, puis quelques étapes plus tard, par un bourdon (un zig zag très serré).
L’objectif du zig zag est de tenir les pièces. L’objectif du bourdon est de tenir ET de décorer.
Chaque machine a ses particularités : sur la mienne il faut diminuer la tension avec ces points. Vérifier dans votre guide ce qu’il en est pour vous. De même testez votre aiguille : pour des cotonnades ou tissus légers, utiliser une « 80 ». Il n’y a rien de pire que des nœuds sur le bourdon ou un fil trop tendu. Donc, on gagne du temps à faire des essais (dit celle qui n’en fait jamais !!!!)
Choisir la couleur de son fil. On peut choisir un fil de la couleur d’une des pièces pour la discrétion. Ou prendre un fil noir pour délimiter les espaces du dessin, façon bande dessinée. Ou encore choisir un fil d’une autre couleur et qui contraste.
Chaque choix va donner un résultat très différent.
Dans tous les cas, prendre pour le zig zag la même couleur que pour le bourdon.
Il existe un fil ciré dit « à broder à la machine ». D’expérience, je trouve que ce n’est pas mal.
ON Y VA
On y va sur les deux premières pièces. Elles doivent être voisines. Repérer les traits communs aux deux pièces. Y faire un (des) zig zag pas trop serré(s) et pas trop large(s).
Découper soigneusement les débords de tissu le long des zig zag (donc certains débords de la pièce 1 ne seront pas coupés et resteront toujours sous la pièce 2).
Le principe est posé. Placer et fixer ensuite les pièces une à une, à chaque fois la nouvelle pièce doit être voisine de celles qui sont déjà fixées.
La placer soigneusement en n’hésitant pas à soulever et à utiliser les repères. Faire à chaque fois au zig zag les traits communs aux pièces antérieurement posées. Découper les débords à chaque pièce.
Le dessin s’ébauche peu à peu.
Finir par les traits extérieurs au motif final, les contours. Couper aussi les débords le long de la couture.
A PROROS DES ZIG ZAG
Certains traits au zig zag sont faciles : ceux qui sont droits et dans le droit fil.
D’autres vont être plus « sioux » les tracés courbes et les traits dans le biais du tissu du fond (ce qui risque de faire gondoler le travail).
Il existe une stratégie pour un beau travail : procéder par toutes petites étapes. Plus c’est difficile, plus les étapes doivent être courtes. On fait deux V (zig zag) à la machine, on arrête, on plante l’aiguille (en faisant tourner le volant de la machine à la main), on soulève le pied de biche, on fait tourner le travail autour de l’aiguille plantée, on rabaisse le pied, deux V, on plante l’aiguille, on soulève… etc….. A certains endroits, on peut avoir à répéter cette manœuvre une dizaine de fois ou plus. Mais le résultat compense les efforts !!!
A PROPOS DE LA DECOUPE DES DEBORDS
La découpe est importante, c’est le moment le plus dangereux pour l’ouvrage. Eviter de découper à toute vitesse quand on est fatigué(e). Cela ne pardonne pas.
Le grand risque, c’est de découper les tissus du dessous en même temps que les débords de la dernière pièce posée.
Calme, zenitude, sérénité, concentration, et petits ciseaux sont requis. Respirer à fond aussi. C’est trop mortel de donner un coup de ciseau de trop alors que l’on vient de finir un travail de plusieurs heures!!!!!!!!
Donc : ne jamais faire vite !
LE BOURDON
Le bourdon se fait avec le même point que le zig zag, mais en plus serré et en un plus large pour bien recouvrir le zig zag.
On n’utilise pas nécessairement la même logique que pour le zig zag. Par exemple, le plus souvent les limites extérieures du dessin final seront faites par un seul bourdon qui réunit plusieurs traits de zig zag.
Pour les traits intérieurs du motif, c’est pareil : l’aspect esthétique final doit guider la logique de la brodeuse.
Pour faire de jolis bourdons dans les formes courbes ou dans le biais du tissu dominant, se reporter à la stratégie décrite ci-dessus (A PROPOS DU ZIG ZAG).
Pour faire de jolis angles, une fois le travail tourné, ne pas hésiter à faire une marche arrière de la longueur de l’épaisseur du trait. Cela donne un fini impeccable.
La finition au bourdon n’est pas particulièrement difficile si les étapes précédentes ont été bien suivies. Mais ne pas hésiter à prendre son temps !
C’EST FINI.
On s’éloigne, on admire, on se congratule !!!!! (et un petit coup de fer sur l’envers peut diminuer certains défauts).
Je finis toujours par un crash test à ma façon : machine à laver avec essorage.
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la leçon d'application pour les formes simples se trouve ici.
Mais on peut aller visiter quelques travaux:
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